Situation de la librairie dans quelques pays européens.

Les cahiers de la librairie

  Edition : Les Cahiers du SLF
Numéro 2 : mai 2005

Il est bien connu que franchir ses frontières ne sert pas seulement à découvrir de nouveaux paysages et des moeurs forcément étranges,mais permet de regarder autrement son propre pays et donc d’accroître ses chance de le mieux comprendre.C’est un peu le double intérêt escompté des articles ici rassemblés, sur la situation de la librairie en Italie, Hongrie, Allemagne, Pologne, Espagne et au Royaume-Uni.

Ils sont l’occasion de découvrir les spécificités du commerce du livre dans des traditions et des conditions socio-économiques parfois fort éloignées des nôtres : la Pologne et la Hongrie qui, il y a 15 ans, ne connaissaient qu’édition et librairies d’État, ont depuis subi une véritable révolution économique; l’Italie et l’Espagne sont confrontées au phénomène des livres distribués avec les journaux et les magazines ; et le Royaume-Uni subit les conséquences paradoxales d’un prix du livre totalement libre.

À côté de cela, on retrouve des éléments communs à la situation française – frais spécifiques de la librairie, concurrence des chaînes et de la vente en ligne, diminution du nombre des «grands lecteurs», changement de comportement des consommateurs etc.– que Benoît Bougerol a intégrés à sa synthèse, et pertinemment commentés.

Enfin, Jean-Marie Ozanne nous rappelle avec ses «choses vues» dans des régions où se procurer un livre n’est pas chose facile, qu’il existe aussi une autre réalité de la librairie.

Si je devais personnellement distinguer un seul élément de réflexion des nombreuses informations que nous procurent ces différentes approches, ce serait l’immense difficulté qu’il y a dans l’étude du commerce du livre à dépasser le quantitatif des statistiques. L’importance de la qualité de la production éditoriale pour la survie de la librairie indépendante est pourtant indéniable, mais difficile à aborder. Dans son article sur le Royaume-Uni,Frank Fishwick nous dit que,depuis la disparition du prix unique en 1995, «la valeur totale des dépenses de consommation de livres a augmenté de 68%». On sait aussi qu’au Royaume-Uni, de 1998 à 2003, la part de marché de la librairie indépendante est passée de 19,9% à 12,8%. On peut donc légitimement s’interroger sur la nature des livres dont la «consommation» a augmenté. Les chaînes de librairies et les supermarchés – qui à eux deux ont, dans la même période, augmenté leur part de 7% – sont plus réputés vendre des best-sellers à prix cassés que de la poésie et des sciences humaines à prix normal.Et lorsque l’auteur conclut sur l’espoir que dans la décennie à venir,il y aura encore de «bons livres à vendre», cela ressemble fort à un voeu pieux.

Il faudra bien parvenir un jour à trouver le moyen de distinguer ce que les catégories statistiques confondent allègrement: le livre de cuisine illustré et la monographie sur Bronzino faisant date, les mémoires d’une chanteuse éphémère et le récit d’un témoin du drame cambodgien, le roman «écrit» par une présentatrice du journal télévisé ou un homme public et le fruit d’années de travail d’un écrivain indispensable. Pour pouvoir appréhender la situation réelle de l’édition et de la librairie, et leur devenir, il faudra bien un jour dépasser l’approche quantitative, indispensable mais dangereusement incomplète.

Jacques Bonnet

Les Cahiers, N°2, 2005

Directeur de la publication: Christian Thorel
Rédacteur en chef: Jacques Bonnet
Secrétaire de rédaction: Noémi Rivet
Ce cahier n’aurait pu être réalisé sans l’aide d’un certain nombre de personnes. Que soient donc sincèrement remerciés Jean-Guy Boin et Catherine Fel du Bief,Vera Michalski de Buchet-Chastel, Françoise Dubruille de l’European Booksellers Federation, Giorgio Pinotti des éditions Adelphi et Adam Biro des éditions du même nom.

Comprendre les enjeux techniques de l’édition électronique

Thèse

résumé :

En dressant une analogie avec l’invention de l’imprimé, cet article vise à montrer les étapes d’appropriation du support numérique pour la publication. A partir de cette étude, il montre comment les types de publications traditionnelles des historiens peuvent être adaptés puis dépassés par des nouvelles pratiques éditoriales grâce à la prise en compte des spécificités du Web.

Source : http://archivesic.ccsd.cnrs.fr/

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Auteur : Gautier Poupeau
Date : 09/09/2005
Version : 1