Ent’Revues – Le salon #2

 

Dossier : Revues/Librairies

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[Rappel des faits]

Depuis 1986, l’association Ent’revues s’attache à mettre en valeur les revues culturelles contemporaines suivant trois axes principaux : information sur les revues avec son Catalogue en ligne des revues culturelles ( 2100 références actualisées sur son site www.entrevues), histoire et réflexion avec, en particulier, la publication de La Revue des revues (39 nos parus) et promotion par l’organisation de nombreuses soirées et d’une grande manifestation annuelle : le Salon de la revue.

Au mois de juin dernier, nous avions travaillé avec André Chabin sur la question de la présence des revues physiques en librairie. Nous reproduisons le texte qu’il nous avait proposé à cette occasion, repris par ailleurs et à destination du réseau des libraires indépendants. Ce texte pose la question de la valorisation de ces objets de réflexion et de création et du nécessaire accompagnement à leur survie.

Avouons-le sans détour, « incommodes » c’est bien l’adjectif le plus poli que nombre de libraires appliqueraient volontiers aux revues. Pullulantes mais difficiles à saisir, intermittentes, habitant toutes les dimensions possibles et impossibles – du format journal à celui du timbre-poste – , se dérobant volontiers au rituel des tables thématiques, leur singularité est encombrante, leur projet parfois énigmatique, leur mode de commercialisation erratique. Dévoreuses d’espaces pour une rotation lente, échappant souvent – hélas ! – aux circuits classiques de diffusion, elles contraignent le libraire à une opération en plus, rien que pour elles…Bref de bien piètres sujets commerciaux.
C’est dire le mérite de tous les libraires qui, nonobstant, tentent à la faveur d’un présentoir spécifique, d’une table réservée, d’en offrir un éventail significatif.
Nous ne pouvons que les en féliciter et les remercier. Ces libraires savent bien que les revues ne vont guère doper leur chiffre d’affaires, mais ce qu’ils savent aussi c’est que sans les revues, ils manqueraient un peu de ce qui fait le prix de leur métier : le goût de la découverte, l’écoute de ce qui naît (d’écriture et de pensée), l’accueil à ce qu’il y a de plus fragile et de plus inventif, la volonté de défendre – à côté des livres pressés – ses curieux objets à « combustion lente ». Dans les revues, ils retrouvent aussi l’ardeur militante et le goût de l’artisanat : l’édition incarnée en somme.
Enfin, ils ont compris – et c’est l’ancien libraire qui se souvient – que leurs fidèles clients qui les feuillettent toutes pour n’en acheter guère ne leur pardonneraient pas si elles venaient à disparaître de leurs rayons : c’est que la présence des revues scelle aussi la qualité d’un lieu.
Et ce lieu, une revue peut aussi l’animer : on le dit avec l’expérience de nombreuses soirées organisées par Ent’revues au fil des années. Nous avons toujours été frappé par la qualité des « plateaux » qu’une revue peut réunir, par la variété des interventions qu’elles savent imaginer, par le nombre de personnes qu’elles sont capables de « draguer » pour un moment avec elles. Car une revue, c’est aussi un organisme vivant toujours prêt à déborder de ses pages.
10 000 personnes ! C’est le nombre de visiteurs qui déferlent pendant les deux jours du Salon de la revue que nous organisons chaque année. N’est-ce pas le témoignage que les revues ne sont donc pas des objets si élitistes qu’on le dit, qu’elles savent intriguer, séduire, convaincre un public large qui nous fait régulièrement cette demande :
« est-ce qu’on les trouve en bibliothèques ? »,
« est-ce qu’on les trouve en librairie ?
On aimerait pouvoir leur faire une réponse moins laconique…
Alors imaginer de nouvelles passerelles entre les revues et les libraires dont elles espèrent tant, fourbir les nouveaux outils sachant combiner la fringale de liberté des unes et la fragile mais farouche volonté d’indépendance des autres ? Un chantier indispensable et urgent : les esprits comptables veillent…

André Chabin
directeur d’Ent’revues

La table ronde qui a réuni quelques acteurs du Web, hier au salon Ent’revue a permis d’engager une réflexion commune, d’envisager des pistes de travail. Dont acte.

La présentation du projet EURENET, réseau de revues culturelles françaises, italiennes et espagnoles va dans ce sens.
A l’initiative de ce réseau naissant, les associations CRIC (Coordinamento di Reviste italiane di Cultura), Ent’revues et ARCE (Association de Editores de Revistas Culturales de Espana)…

A suivre.

PS : si vous souhaitez suivre le projet EURENET, nous vous signalerons sa mise en ligne
prochaine.

Ent’Revues, le salon #1

Dossier : Revues / Librairies

 

 

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Consacrer un dossier aux revues physiques, prolongées en ligne n’est pas une fin en soi.

Pourtant, à y regarder de plus près, la Revue est une vigie, placée aux avant-postes des mutations éditoriales, [ création – précarité économique -diffusion]

La Revue est-elle [ou non] le miroir des interactions possibles entre objet et univers en ligne : complément interactif ou cannibalisation ?

Une série d’articles puis d’entretiens (libraires, éditeurs et diffuseurs) viendront progressivement enrichir ce dossier.

Autant d’opportunités pour questionner les modalités de valorisation des revues physiques en librairies (formation, outils professionnels de référencement, mises en avant) en partenariats avec l’association Ent’revues –